Noeleen Ruth

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     C’est comme ça, quand il ne se passe pas grand-chose chez vous, le moindre récit se transforme en aventure.

     Sans l’intervention de Dame Pluie, sous laquelle je n’aime pas conduire et qui s’est mise à tomber sans discontinuer pendant un mois, me forçant à m’arrêter dans cette ville, je ne l’aurai sans doute jamais réalisé.

     Witorest est une petite ville, de même que la chambre d’hôte que j’occupais alors, comprenez-vous ? Il ne m’a pas fallu longtemps pour en faire le tour. Aussi ai-je fini par établir mes quartiers au salon de thé lorsque les nouvelles découvertes sont venues à manquer.

     La première fois que j’ai pénétré dans l’établissement, j’étais simplement motivée par l’envie de boire un bon thé vert en regardant tomber la pluie. Il faut me comprendre, mes hôtes avaient beaux être des plus charmants, le seul équipement électroménager disponible chez eux consistait en une cafetière six tasses. Ce jour-là, c’est donc par pur hasard que j’ai pu capter un premier échange entre trois jeunes femmes. Je ne leur ai jamais adressé la parole, ça ne m’a même jamais effleuré l’esprit, mais les jours passant, comme je n’avais pas de meilleure occupation et que ça valait toujours mieux que de rester devant des émissions de télé sans intérêt, je retournais quotidiennement au salon afin de profiter de leurs récits.

     Pour vous donner un aperçu de mon quotidien dans cette pause inopinée de mon périple vers le nord, je vais vous rapporter quelques conversations de ces trois jeunes femmes. Mais avant tout, une petite préparation s’impose.

     En effet, Fanny, Judy et Merle sont des habituées de l’unique salon de thé de la ville. Elles aiment s’y retrouver, de façon fortuite, pour se raconter leurs dernières aventures, sans se douter un seul instant que je vous les présenterai un jour.

      Pauvres d’elles, si elles apprenaient mon indiscrétion !

     Pour l’heure, le secret est sauf, alors faisons comme elles, installons nous confortablement, prenons une tasse d’un bon thé chaud et écoutons ce qu’elles ont à dire, puisque nous n’avons rien de mieux à faire. Ou plutôt, puisque puisque la motivation nous manque pour réaliser quoi que ce soit d’autre, car soyons honnêtes, il existe des choses bien plus importantes dans la vie que d’écouter les potins, n’est-ce pas ?

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